René était nerveux, pas à cause de l’enquiquineur
Qui lui cassait les pieds depuis un bon quart d’heure
Ni des trois mecs du Mossad qu’il voyait à l’entrée
Trois costards cravate et lunettes noires baraqués
Se touchant par instants ostensiblement les oreilles
Faisant bêtement les grues sous le drapeau d’Israël
Non la raison de sa tension, et de son fol espoir
C’était que sa Sophia venait, qu’il allait la revoir
Qu’il ferait bien sûr tout ce qui était en son pouvoir
On était vendredi et bien heureusement pas un treize
Et René se rêva encore en son héros Corto Maltese
Combattant là-bas au Mexique à la recherche de Mû
Pour un trésor pour une cause ou une cité perdue
Ou sur la plus merveilleuse des mers de Chine
Expert pirate en baisers en elles et en îles divines
Le soir,
Alors qu’il rentrait chez lui dans le brouillard
René faillit tomber la tête la première sur le trottoir
Lorsqu’on dit : Partie remise, hein, il reste de l’espoir ?
René avait lu quelque part il y avait quelques mois
Qu’on avait construit un hôtel tout en glace au Canada
Il avait imaginé un couple dormant au second niveau
Et se réveillant le matin leur matelas flottant sur l’eau
Tout ça parce que personne avait eu l’idée cette année
De les prévenir que le printemps était un peu avancé
Et il s’était dit qu’il y avait là matière à une histoire
Avait pensé à l’auteur de ses aventures avec l’espoir
Que celui-ci aurait pu y voir
Un point de départ
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